Le torchis est depuis le Néolithique un matériau de construction pour les habitations en Europe. Les Celtes l’ont beaucoup utilisé pour construire leurs murs. Il est typique des régions dont la terre argileuse (qui fissure et colle facilement) doit être renforcée par de la paille. Cette technique s’est beaucoup développée du XIVe au XVI siècle et a perduré jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, le torchis sert surtout pour des rénovations dans le monde occidental, mais il reste très répandu dans nombre de pays du Sud.
Les avantages du matériau le font redécouvrir : isolation thermique et phonique, coût modique, auto construction, origine locale et à très faible impact sur l’environnement. C’est un exemple de développement durable car il utilise un matériau sain, local et ne laisse aucun déchet en fin de vie.
Le remplissage des ossatures bois en comblement et enduit se réalisait en groupe d’habitants, voisins et autres connaissances car il nécessitait une importante activité physique et manuelle. Cela réduisait le temps de construction et permettait un échange social accru entre les habitants et amis.
Le torchis peut se préparer par foulage humain ou animal. La terre humide est placée au sol, les fibres végétales, (paille, foin…) sont déposées dessus et incorporées par foulage. Pour les petites quantités, par exemple pour des réparations, le mélange peut se faire à la main dans une brouette. Le mortier et l’enduit de torchis sur clayonnages favorisent l’application manuelle.
Des éclisses, morceaux de bois de 3 ou 4 cm de diamètre et légèrement plus long que la distance entre deux poteaux, sont coincées entre les poteaux.
Plusieurs techniques coexistent, en préparant l’agrégat en boules ou en mèches.
Pour préparer une mèche, méthode utilisée dans le Sud-ouest, on étend du foin ou de la paille sur un plan de travail et on y incorpore la terre pour former un boudin.
La pose est faite par deux opérateurs qui se font face à travers la cloison. Le boudin est déposé à califourchon sur une éclisse. Les constructeurs se passent les brins du boudin pour les tresser vers le bas sur plusieurs niveaux d’éclisses. Le boudin une fois tressé est pressé vers un poteau. Un autre boudin peut alors être tressé à ses cotés.
Pour la finition, les surfaces sont lissées et les trous sont comblés avec de la terre. La terre se rétractant au séchage, il faut la resserrer pour combler les fissures au fur et à mesure qu’elles apparaissent. Un enduit peut aussi améliorer ce colmatage.
Aujourd’hui, l’application du torchis est rentabilisée, tant pour les mortiers que pour les enduits, par la mécanisation de sa préparation et de sa pose. Directement sur site ou en usine, à partir de terres crues argileuses et de fibres végétales, les bétonnières et projeteuses remplacent les regroupements de villageois.
Vos commentaires
Suivre les commentaires : |