1. La présentation :
Le scénario est composé de 3 parties distinctes :
L’intitulé de séquence , qui se situe en début de toute nouvelle scène contenant les indications de lieu et de moment ;
ex. I INT-JOUR / Chambre à coucher
V EXT-NUIT / Porche d’immeuble
- Le corps des descriptions , qui contient la description des actions, décors, personnages, images, etc.
- Le corps des dialogues , qui concerne l’écriture des dialogues à savoir : le nom du personnage qui parle, les didascalies, les répliques du personnage.
2. Le découpage du scénario en séquences
Unité de lieu :
Trois lieux donneront trois séquences.
Découpe par unité de temps et ellipse
Si l’ellipse de temps est suffisamment longue pour modifier certaines caractéristiques de l’image dans la séquence, cela se traduira par une nouvelle séquence et non pas par le terme « un peu plus tard ».
Par exemple dans un même lieu, le passage du jour à la nuit induit un changement de séquence ; de même, un changement physique important du personnage, longueur des cheveux ou barbe naissante pourra constituer une indication d’ellipse temporelle d’une scène à l’autre.
Montage parallèle
Lorsque deux actions se déroulent simultanément, les séquences alternent d’un lieu à un autre sans ajouter « pendant ce temps ».
3. La rédaction
« [Il convient] d’abord d’être clair, oublier toute littérature, ne pas abuser du dialogue et se persuader qu’un scénario est avant tout succession d’images… » (Jean-Claude Carrière, scénariste)
- Un scénario n’est pas un roman
Pour écrire correctement un scénario, il faut désapprendre à écrire et à lire, se défaire des « clichés littéraires » habituels et rassurants.
Les spécificités du « style scénaristique » se divisent en deux aspects principaux :
un scénario est essentiellement audio et visuel.
un scénario se déroule toujours au présent.
- Des images, rien que des images et des sons !
Un scénario est strictement écrit pour être vu et entendu ; Aussi, il est bon de ne parler que d’image (sonore) et proscrire tout ce qui relève des intentions, des pensées et en général tout ce qui relève de la lecture « non-visuelle » et « non-auditive » d’une situation.
Par exemple : comment exprimer la peur, la faim à l’écran ?
Il faut ne présenter des images qui signifient les sentiments du personnage. C’est l’image et l’image seule (l’image comprenant l’action, la situation, le son, le dialogue, etc.) qui doit susciter le sentiment, l’humeur, les pensées, etc.
- Du temps présent
La deuxième spécificité de la rédaction cinématographique est que l’action d’un scénario se déroule toujours au temps présent (parce qu’on voit toujours une image au présent). Même si la scène fait référence au passé, il est possible de préciser flash-back en début de scène.
L’emploi du futur n’a également aucune raison d’être dans un scénario.
Par exemple :
Le scénario ne sera pas rédigé :
Alfred va voir s’il a du courrier
Mais, par ce qu’il décrit l’action que l’on voit au moment où on la voit :
Alfred descend l’escalier.
Il arrive dans le hall et se dirige vers la boîte aux lettres, en sortant une clef de sa poche.
- Ordre des informations
Cette notion de temps présent implique également la concomitance entre l’apparition des informations à l’écran et leur apparition dans le scénario. En d’autre termes une information ne doit apparaître dans le scénario qu’au moment – précis – où elle sera perceptible à l’écran, ni avant, ni après.
Pour cela sont à éviter des tournures telles que :
-Il rentre pour voir s’il y a quelqu’un.
… Où l’image ne montrera que « Il rentre » et ne donnera que plus tard la raison de son entrée.
-Il va vérifier qu’il a assez d’air.
… Où l’image ne montrera que « Il va » et plus tard le fait qu’il vérifie son niveau d’air.
-Ils se braquent en pariant sur le premier qui va tirer.
… qui ne montrera que « ils se braquent ». Et, ce dernier exemple a un autre défaut : une information absente à l’écran : « en pariant sur… »
- L’image au temps présent
La notion de temps présent s’applique également à la description d’un simple plan. Un plan cinématographique, tout comme un tableau, ne s’appréhende pas « instantanément ». L’œil parcourt l’image, le plus souvent d’un point fort à un autre point fort, pour passer ensuite aux points faibles, ou des densités plus fortes aux densités plus faibles, etc. L’approche de l’image cinématographique (en supposant que le plan soit suffisamment long – une seconde ou plus…) devra correspondre, dans la mesure du possible, à la réalité de ce qu’appréhende l’œil. Imaginez que vous ayez à décrire brièvement La Joconde de Léonard de Vinci dans un scénario.
-Devant un paysage accidenté et mystérieux, une jeune femme est assise, un sourire indicible aux lèvres.
Cette formulation est tout à fait correcte mais elle ne tient aucun compte de l’approche visuelle que le spectateur peut faire du tableau. En voyant ce tableau pour la première fois, il est évident que Mona Lisa apparaît avant que l’on découvre le paysage devant lequel elle est assise. Le scénario doit tenir compte de ces subtilités, et, être rédigé ainsi :
-Une jeune femme est assise, un sourire indicible aux lèvres.
Derrière elle, s’étend un paysage accidenté et mystérieux.
Ainsi, la rédaction tient compte du comportement de l’œil du spectateur face à l’image décrite.
Il est également possible par la simple succession des propositions d’imposer une vision. Ainsi, au niveau de la réalisation, l’image :
-Alfred se lève, le regard noir.
… ne sera pas rendu de la même manière que
-Le regard noir, Alfred se lève.
Dans le premier cas, le mouvement de la levée d’Alfred sera l’essentiel de l’image, le fait qu’il est le regard noir sera atténué. Dans la deuxième formulation, c’est le regard noir d’Alfred qui devra être le point fort de l’image, reléguant sa levée au second plan.
Ce type de rédaction éminemment visuelle et cinématographique donne un compte rendu des images qui stimulera de façon plus vive l’imaginaire du lecteur.
- Du style malgré tout
Il faut désapprendre à écrire – et à lire – pour apprendre à rédiger correctement un scénario.
Tout en ne gardant que les informations « audio-visualisables », il est possible de développer un style « littéraire » qui, sans déroger aux exigences de l’écriture scénaristique, peut rendre la lecture de votre scénario agréable et enthousiasmante, par le simple fait que les images (et leur formulation) le sont.
Pour trouver les ambiances, les intentions… il convient de chercher les images les plus justes, les plus aptes à traduire ce qui doit être transmis au spectateur. Quand l’idée audiovisuelle est bonne, son efficacité la plus grande correspond souvent à sa formulation la plus simple.
Un scénario n’est pas un découpage technique.
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