Réalisation : Mahamat-Saleh Haroun
2017, 1h30, France
Film ARTE
Abbas a fui la guerre en Centrafrique. Sa femme a été tuée pendant leur voyage, le laissant seul avec leur fils de 12 ans et leur fille de 8 ans. Ils vivent désormais en France où Abbas a demandé le statut de réfugié. Les démarches ont laissé à Abbas le temps de se réinventer une vie : ses enfants sont scolarisés, il travaille sur un marché où il a rencontré Carole, sensible au destin tragique de cet homme et à la force qui semble l’aider à chasser les fantômes du passé. La demande d’Abbas est rejetée, il ne lui reste plus qu’un seul recours avant un nouvel exil.
Ce titre ironique n’évoque pas un séjour touristique, mais le parcours d’un enseignant et de ses enfants, survivants en fuite de Centrafrique et espérant le statut de réfugié. Loin de toute simplification militante, le grand cinéaste tchadien nous bouleverse par la précision et la beauté d’un regard qui balaie tous les clichés, par une empathie sans pathos, et par la dimension didactique et tragique de cette histoire universelle pourtant bien française.
“C’est Russell Banks, je crois, qui a dit que les visages sont comme des paysages. Sur son visage, on lit ce qu’un personnage porte en lui, sa douleur, son traumatisme. Je voulais montrer des visages sur lesquels, métaphoriquement, il vente, il pleut, il neige… Peu à peu, c’est le corps entier d’Abbas qui est atteint, la situation le ronge de l’intérieur, c’est un géant qui vacille. Avec la comptine, dès la première scène, surgit le fantôme du passé qui empêche tout apaisement : c’est la tragédie des réfugiés, ces fantômes qui les hantent, les empêchent d’être sereins, de se fixer quelque part.” M.-S.H.
Interview, captation et une partie du texte réalisées dans le cadre du festival Ciné32 "Indépendance(s) et création" en octobre 2017 (par La Forge aux Utopies, Ciné 32 et Parlem TV)
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